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Covid 19 : Tribune libre : La reprise post-confinement : quels impacts psychologiques à l’horizon, Monsieur le Ministre ?

lundi 18 mai 2020.
 

Tribune libre

La reprise post-confinement : quels impacts psychologiques à l'horizon,  Monsieur le Ministre?

L'annonce de la reprise cette semaine, parsemée d'ordres et de contre-ordres erreintants, n'aura pas manqué de susciter de multiples appréhensions chez le personnel enseignant.

En un tournemain, il a fallu successivement s'improviser peintres-décorateurs.trices pour tracer des sens de circulation, des distances de sécurité, des instructions bien visibles, puis champion.ne.s de la pédagogie, puisque de nombreux.ses enseignant.e.s du primaire ont fait le choix, fort.e.s de leur engagement auprès de leurs élèves, de continuer à assurer en même temps l'enseignement en présentiel et en distanciel (même si vous, notre cher Ministre, nous permettiez de n'en faire qu'un des deux).

Une prérentrée à 1 000 km/h qui laissait déjà un arrière-goût de précipitation mêlée d'angoisse...

Dès le départ donc, les enseignant.e.s se sont retrouvé.e.s dans le contexte inversement proportionnel à celui du confinement : il avait fallu du jour au lendemain devenir les rois et reines de l'innovation télépédagogique, maintenant il fallait fissa se débrouiller de nouveau seul.e.s pour que ça tourne !

Une rentrée bien tendue et anxiogène pour bon nombre d'enseignant.e.s. Entre les entrées, sorties, cantines, récréations échelonnées, il faut se mettre des alarmes toute la journée pour être bien sûr.e.s de ne pas se tromper d'une minute, au risque de croiser un autre groupe dans les couloirs ! Une journée qui s'écoule au pas de charge, sans une seule pose le matin ni l'après-midi dans les petites écoles au moins, puisque chaque enseignant.e sort seul.e avec son groupe en récréation, où il / elle passe son temps à rappeler aux enfants de "s'éloigner", de "tenir les distances", de "ne pas toucher ceci ou cela", de "se laver les mains"...

Les demandes de remontées d'effectifs tous les matins, la soudaine imposition du port du masque obligatoire pour les enseignant.e.s toute la journée et non pas seulement dans les situations (portails, récréations) annoncées aux parents, les injonctions distillées au compte-gouttes pour l'éducation musicale, l'E.P.S., etc. rendent encore plus harassante cette reprise. Alors, comment au bout du compte ne pas céder à un sentiment de malaise, voire de déprime, dans de telles conditions ?

Et les enfants, dans tout ça ? Si la reprise de l'école était préconisée par bon nombre de psychologues et pédopsychiatres, le retour dans ce contexte d'école déshumanisée, où tout ou presque devient interdit ou sous haute surveillance, où rien n'a été préparé sereinement, est-il vraiment la réponse la plus adaptée à la souffrance psychique des enfants ?

Dernière bonne nouvelle : tout cela n'est bien entendu valable que jusqu'au 1er juin, date à laquelle tout sera sans doute à refaire...dans le même tohu-bohu.

Monsieur le Ministre, vous n'avez aucune considération pour vos personnels : vous aurez à répondre de vos décisions prises à la hâte et sans concertation.